Compte séquestre : de quoi parle-t'on ?
Connaître l'utilité et les principes du compte séquestre, afin de l’utiliser pour sécuriser la transaction d’un fonds de commerce ou d'une entreprise.
Publié le 28-03-2023 et actualisé le 17-07-2024
Au cours de son parcours entrepreneurial, tout employeur est amené un jour ou l’autre à céder son entreprise.
Quelles que soient les raisons de la vente, elle nécessite une préparation en amont, notamment concernant le devenir des contrats de travail des salariés.
Entre obligations légales, droit d’information et réglementation des transferts de contrats, la question du transfert des contrats de travail est au cœur au processus de cession.
La cession d’une entreprise répond à des règles strictes.
Anticiper l’opération de cession en définissant son projet et en établissant un calendrier précis permet d’aborder cette étape avec sérénité et sécurité, autant pour le cédant, que pour le repreneur et l’équipe salariée.
Le transfert de propriété d’une entreprise à un repreneur consiste à transmettre une activité.
L’article 201 du Code général des impôts (CGI), précise que le terme « cession d’entreprise » s’applique à « toute transmission de l'ensemble de l'exploitation par acte portant transfert de la propriété de l'entreprise.[…] d'une personne physique ou morale à une autre personne physique ou morale... »
Elle peut revêtir 2 formes :
1. Anticipation et préparation de la cession d’entreprise :
Établir les raisons de la vente, faire le point sur l’après-cession, définir une période de cession adéquate, le profil du repreneur idéal, optimiser le transfert des contrats salariés.
2. Diagnostic complet de l’entreprise :
Il fait un état des lieux de l’entreprise (points forts et faibles) en vue de déterminer le potentiel et la valeur.
3. Choix du mode de cession :
Définir l’objet de cession (fonds, titres, murs) et le mode de cession :
4. Préparation des éléments financiers (business plan / prévisionnel) :
Pour prouver au repreneur que l’on cède une entreprise en bon état de marche, légitimer le prix demandé et projeter l’entreprise vers le futur à partir d’éléments prévisibles du bilan.
5. Valorisation de l’entreprise :
Bien évaluer l’entreprise repose sur différentes méthodes (volume d’affaires, rentabilité, comparatifs, patrimoine). La valorisation est une base de discussion. Le prix final est celui sur lequel s’accordent le cédant et le repreneur.
6. Élaboration d’un dossier de présentation :
Il présente l’entreprise dans les meilleures conditions (réalistes) et rassemble les éléments nécessaires à la réflexion et à la prise de décision du repreneur.
7. Trouver un repreneur :
L’expérience, l’apport financier et la cohérence du projet du repreneur sont les 3 critères majeurs à prendre en compte pour assurer la faisabilité de la transmission.
8. Le protocole d’accord / compromis de vente :
Formalisant l’accord conclu entre repreneur et cédant, il reprend tous les éléments négociés et constitue un engagement définitif, sous réserve de réalisation de conditions suspensives.
9. L’acte de cession :
Officialisant le transfert de propriété du bien cédé, il intervient une fois les conditions suspensives réalisées (dont l’obtention du financement).
10. L’accompagnement du repreneur :
Dans l’intérêt du repreneur, de l’entreprise et des salariés, le cédant l’accompagne, pour faciliter sa prise de poste (relation client, fournisseurs, image de l’entreprise…).
La cession d’une entreprise pose la question de l’avenir de l’équipe salariale et des contrats de travail en cours.
Le sort des contrats de travail et des salariés lors d’une cession est encadré par différentes lois.
Elles permettent de protéger leurs droits et leur offrent même, s’ils le souhaitent, la possibilité de se positionner en amont de la vente.
Lors d’une cession, le traitement des contrats de travail est encadré par les articles L1224-1 et L1224-2 du Code du travail.
L’article L1224-1 précise que « Lorsque survient une modification dans la situation juridique de l'employeur, notamment par succession, vente, fusion, transformation du fonds, mise en société de l'entreprise, tous les contrats de travail en cours au jour de la modification subsistent entre le nouvel employeur et le personnel de l'entreprise. ».
Ainsi, les contrats en cours sont maintenus en cas de transmission d’entreprise, et ce dans les mêmes conditions d’applications.
Sont concernés par le transfert les contrats salariés suivants :
Lors du transfert de ces contrats, les droits et avantages acquis par le salarié au cours de sa carrière restent acquis.
Cela concerne son ancienneté, sa qualification, sa rémunération et les divers avantages dont il bénéficie (voiture ou logement de fonction, clause de mobilité, clause de non-concurrence…).
Enfin, il est important de noter qu’à ce transfert automatique des contrats (en cours d’exécution à la date de modification du statut juridique de l’employeur), s’ajoute une précision quant à l’information des salariés.
En effet, une autre loi protège les salariés en cas de vente d’entreprise, en leur accordant un droit d’information préalable.
La loi Hamon (du 31 juillet 2014) précise ainsi que tout chef d’entreprise de moins de 250 salariés a pour obligation d’informer ses salariés du projet de cession, au plus tard 2 mois avant la date de cession.
En cas de non-respect, le cédant s’expose à des sanctions, notamment l’annulation de la vente.
Cette loi a pour but premier d’inciter l’employeur à se tourner vers ses salariés pour reprendre la société.
Cette option présente l’avantage de préserver les emplois et de confier l’entreprise à une équipe déjà familiarisée avec son fonctionnement, ses valeurs et son développement.
Lors de la transmission d’une entreprise, le transfert des contrats de travail est automatique seulement si ces conditions sont remplies :
Dans la majeure partie des cas, la reprise d’une entreprise n’entraîne pas la modification des contrats.
S’il devait y en avoir, cela doit se faire suite à un accord commun salarié/nouvel employeur et via la rédaction d’un avenant au contrat de travail.
Là encore, l’article L.1224-1 du Code du travail précise que le salarié peut refuser le transfert de son contrat, s’il fait l’objet de modifications importantes.
En cas de modification, plusieurs cas de figure se dessinent :
Lors d’une cession d’entreprise, le transfert d’un contrat de travail peut se faire de plein droit ou être partiel. Il peut être automatique ou volontaire.
Nous l’avons vu, lors du changement de situation juridique de l’employeur, les contrats de travail en cours sont maintenus.
Suite à la cession, ils sont transférés de plein droit de l’ancien employeur au nouveau.
Le cédant et le repreneur doivent suivre cette disposition et ne peuvent y déroger en incluant des clauses spécifiques dans l’acte de cession.
Les salariés sont ainsi protégés d’éventuels licenciements économiques lors de l’opération de cession.
Sont concernés par ce transfert de plein droit, les opérations suivantes :
La question d’un transfert partiel du contrat de travail se pose lorsque la cession de l’entreprise n’est pas totale, que seule une partie de l’activité est cédée.
Dans ce cas, le contrat devient divisible. Son transfert s’effectue proportionnellement à la part d’activité exercée auprès du nouvel employeur et donne lieu à deux contrats à mi-temps.
Cependant, cette situation peut s’avérer délicate pour l’employé.
En cas de cession partielle, il est primordial d’être vigilant en anticipant la question en l’intégrant aux négociations.
Dans ce sens, se dégagent 3 exceptions pour lesquelles la divisibilité du contrat de travail ne peut être retenue :
L’article L.1224-1 du Code du travail indique que « le transfert du contrat de travail est automatique et s’effectue sans formalité particulière » et sans aucune obligation d’établir un nouveau contrat.
Cependant, si les conditions d’un transfert automatique ne sont pas remplies, l’employeur peut procéder à un transfert volontaire.
Ce transfert volontaire est envisageable seulement si le salarié accepte la proposition de transfert dans une autre entreprise, et que celle-ci est dirigée par le même employeur.
Dans ce cas, l’accord préalable du salarié est indispensable. Son refus ne peut pas être considéré comme une démission ou être un motif de licenciement.
Parmi ces différents types de transfert de contrats faisant suite à la reprise d’une société, se présente la particularité des contrats de travail des salariés protégés.
Si le transfert est de plein droit, aucune formalité particulière en ce qui concerne le transfert des contrats de salariés protégés.
En revanche, s’il est partiel, le transfert nécessite une demande d’autorisation auprès de l’inspection du travail.
Si elle est accordée, le transfert se fait de plein droit. Si elle est refusée, le salarié continue d’exercer pour son ancien employeur, avec poste et rémunération similaires.
En conclusion, la cession d’une entreprise n’est pas seulement une affaire de revente de titres ou de fonds de commerce.
Elle revêt également une grande part humaine qui implique les salariés contribuant chaque jour au développement de leur entreprise.
D’où l’importance d’informer les salariés de la cession, qui peut encourager une transmission réfléchie à l’équipe salariale, notamment grâce à une reprise en LBO (Leveraged buy-out (LBO) ou rachat avec effet de levier).
Les contrats de travail dans la cession d’entreprise en 3 questions
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liste des éléments à fournir pour céder une affaire