Comment valoriser le capital humain de votre commerce ?
Découvrez comment le capital humain impacte directement la valeur de votre bien immobilier commercial et comment optimiser cette valorisation.
Publié le 16-05-2025
Les cycles économiques représentent un facteur déterminant mais souvent négligé dans l'estimation de la valeur d'un commerce. Qu'il s'agisse d'expansion, de ralentissement, de récession ou de reprise, chaque phase du cycle affecte différemment votre entreprise et sa valorisation sur le marché. D’où l’importance de comprendre ces fluctuations pour qui voudrait vendre son fonds de commerce. Partir de votre étude de marché est indispensable mais si vous basez votre estimation sans prendre en compte le contexte économique global vous prenez le risque d’aboutir à une sous-évaluation ou, à l'inverse, d’entretenir des attentes irréalistes. Où placer la conjoncture actuelle dans le cycle économique ? Comment préparer votre entreprise aux évolutions à venir et que faire pour ajuster votre stratégie de vente en conséquence ? C'est ce que nous vous proposons de voir ensemble.
On parle de cycle économique pour désigner une période au cours de laquelle s’alternent phases de croissance et de contraction économique.
Ces fluctuations se manifestent sur différentes échelles temporelles, soit trois grands modèles : il y a tout d’abord les cycles courts (cycles de Kitchin), d'une durée de 3 à 5 ans, qui sont principalement liés aux variations des stocks des entreprises en réponse à la demande. Puis, les cycles intermédiaires (cycles de Juglar), qui s'étendent sur 7 à 11 ans et correspondent aux variations des investissements en capital fixe. Enfin, les cycles longs (cycles de Kondratieff ou Kondratiev), pouvant durer de 40 à 60 ans, sont associés aux innovations technologiques majeures et aux transformations structurelles de l'économie.
Pour savoir où une société se place dans un cycle économique, on s'appuie sur plusieurs indices complémentaires :
• Le Produit Intérieur Brut (PIB) constitue l'indicateur de référence, une croissance supérieure à 2% signalant généralement une expansion, tandis que deux trimestres consécutifs de croissance négative définissent officiellement une récession.
• Le taux de chômage fait office de baromètre social important, il tend à diminuer en période d'expansion et à augmenter en récession.
• L'inflation, reflétant l'évolution générale des prix, s'accélère typiquement en fin de cycle d'expansion lorsque l'économie approche de ses limites de capacité.
• La consommation des ménages constitue un indicateur particulièrement pertinent pour les commerces, représentant souvent plus de la moitié du PIB dans les économies développées.
Un cycle économique complet se décompose en quatre phases distinctes :
C’est ce qu’on désigne par convention comme le début d’un cycle. Il s’agit d’une période de croissance économique où la production augmente, le chômage recule et la confiance des consommateurs s'améliore. Pour les commerces, cette phase se caractérise par une hausse du chiffre d'affaires et une amélioration des marges, rendant les entreprises plus attractives pour les investisseurs. On parle aussi souvent de reprise, pour marquer la fin du cycle précédent.
Tout est dit dans le nom. C’est en effet l’apogée du cycle : l'économie fonctionne à plein régime bien qu’elle commence à montrer des signes de tension (inflation, déséquilibres). C'est généralement le moment optimal pour vendre un commerce, les valorisations atteignant leurs niveaux les plus élevés.
Sans aucun conteste la phase la plus connue du grand public et la plus médiatisée. Lors d’une récession, on assiste à une contraction de l'activité avec baisse de la production, hausse du chômage et érosion de la confiance. Les commerces subissent une baisse du chiffre d'affaires et une pression sur les marges, tandis que les banques deviennent plus regardantes quant à l'octroi de crédits.
Il est à la récession ce que le sommet est à l’expansion : sa fin. Il marque en effet le point le plus bas du cycle. Cette période peut offrir des opportunités d'acquisition à des valorisations attractives pour les investisseurs disposant de liquidités et entretenant une vision à long terme.
La crise financière de 2008 a provoqué une récession mondiale avec des chutes de valeur immobilière commerciale atteignant 30 à 40% dans certaines zones géographiques. Les commerces liés aux dépenses discrétionnaires (considérées comme non essentielles) ont été particulièrement affectés, avec des cessions et reprises de fonds de commerce ralenties et des délais de vente parfois triplés.
La pandémie de COVID-19 en 2020 est un cas un peu plus complexe car l’impact a été différent d’un secteur d’activité à l’autre. Les commerces essentiels ont maintenu ou augmenté leur activité, tandis que les secteurs dépendant des interactions sociales ont subi un impact catastrophique. Cette crise a accéléré des tendances comme la digitalisation du commerce et introduit de nouveaux mécanismes de valorisation comme les clauses d'earn-out.
À l'inverse, la période de croissance 2015-2019 avait créé un environnement favorable pour les transactions commerciales, avec des valorisations élevées soutenues par des taux d'intérêt historiquement bas.
Sans surprise, en période d'expansion, les commerces profitent d'un environnement plutôt favorable : la hausse du pouvoir d'achat et le renforcement de la confiance des consommateurs stimulent la demande pour les biens et services. Cette augmentation du volume d'activité permet généralement une meilleure absorption des coûts fixes, améliorant ainsi les marges opérationnelles. Cette phase constitue également un moment propice pour réaliser des investissements stratégiques tels que la modernisation des équipements, l'agrandissement des locaux ou le développement de nouveaux services.
Par exemple, une boutique de prêt-à-porter pourrait voir son chiffre d'affaires augmenter de 15-20%, dans le même temps ses coûts fixes resteraient relativement stables, ce qui entraînerait une progression significative du résultat d'exploitation, parfois de l'ordre de 30-40%.
En période de récession, les commerces font évidemment face à de sérieux défis. La contraction de la demande entraîne généralement une réduction sensible du chiffre d'affaires, tandis que certains coûts demeurent incompressibles à court terme. Résultat : une pression considérable se fait ressentir sur les marges. Cette situation s'avère particulièrement problématique pour toute entreprise présentant un niveau d'endettement élevé, ses charges financières devenant parfois insoutenables face à la diminution des revenus.
Exemple : un restaurant gastronomique peut ainsi connaître une baisse de fréquentation de 25-30% tout en devant maintenir ses charges fixes (loyer, personnel qualifié), conduisant parfois à des pertes opérationnelles.
Ce contexte affecte directement les valorisations, les multiples appliqués aux indicateurs de performance (chiffre d'affaires, EBITDA) qui se font alors les reflets de l’incertitude grandissante.
La valeur d'un commerce repose sur deux composantes :
Les actifs corporels :
• L'immobilier commercial, souvent prépondérant dans la valorisation d’entreprise, subit l'influence des cycles en décalé par un effet d’inertie.
• Les équipements et aménagements peuvent de leur côté être valorisés proche de leur coût d'acquisition en période d'expansion, mais subir une décote de 60- 70% en récession.
Les actifs incorporels :
• Le droit au bail, valorisé comme un multiple du différentiel entre valeur locative de marché et loyer effectif, fluctue selon les perspectives économiques.
• La clientèle, évaluée sur le chiffre d'affaires moyen de plusieurs exercices, doit être ajustée en fonction de la phase du cycle.
Les secteurs cycliques sont les secteurs fortement tributaires de la conjoncture économique globale :
• L'hôtellerie représente un exemple emblématique de cette catégorie, pouvant connaître des baisses de revenu par chambre disponible (RevPAR) atteignant 20- 30% lors des récessions sévères, avec des multiples d'EBITDA (Bénéfice avant intérêts, impôts, dépréciation et amortissement) passant typiquement de 6-8 en période d'expansion à 4-5 en période de récession.
• La restauration présente également une sensibilité cyclique prononcée, quoique variable selon le positionnement. Les établissements gastronomiques s'avèrent généralement plus vulnérables que les concepts de restauration rapide, ces derniers bénéficiant parfois d'un effet de report de clientèle.
• Le commerce de détail non alimentaire, particulièrement pour les biens durables coûteux comme le mobilier ou l'électroménager haut de gamme, peut subir des baisses de ventes atteignant 30-40% lors des récessions importantes.
Les secteurs résilients maintiennent quant à eux une activité relativement stable indépendamment de la conjoncture économique :
• Le commerce alimentaire de proximité illustre parfaitement cette catégorie, sa fréquentation et son chiffre d'affaires demeurant globalement constants face aux fluctuations économiques.
• Les pharmacies démontrent également une forte résilience, leur activité étant principalement déterminée par des facteurs démographiques et sanitaires peu corrélés aux cycles économiques classiques.
• Certains services de santé non remboursés comme les opticiens et audioprothésistes occupent une position intermédiaire, avec un possible report des dépenses non urgentes en période difficile, tout en conservant une résilience supérieure à la moyenne des commerces.
Le timing optimal de cession est fortement influencé par le cycle économique :
• Les phases d'expansion avancée et de sommet sont généralement les plus propices à la valorisation optimale.
• Un propriétaire identifiant l'approche d'un sommet cyclique peut entamer sa démarche de cession 8-12 mois avant dans l’idée de capitaliser sur des valorisations au plus haut.
Pour les acquéreurs, il y a des opportunités d’achat de fonds de commerce lors des phases suivantes :
• Les phases de récession permettent des acquisitions à prix réduits pour ceux disposant de liquidités et d'une vision long terme.
• La phase de creux précédant la reprise combine valorisations modérées et potentiel de croissance lié à l'amélioration économique à venir.
Les structures de transaction peuvent être adaptées au contexte cyclique :
• Les mécanismes de complément de prix (earn-out) que l’on a déjà mentionnés permettent de partager risques et opportunités en période d'incertitude.
• Les clauses d'accompagnement renforcé du cédant rassurent les acquéreurs sur la transition cyclique.
Les phases d'expansion se caractérisent généralement par une accessibilité accrue au crédit, avec des taux d'intérêt relativement favorables et des critères d'octroi assouplis. Cette abondance de financement permet aux acquéreurs potentiels de structurer des montages financiers optimisés, maximisant l'effet de levier et la rentabilité des fonds propres investis. Toutefois, les phases avancées d'expansion s'accompagnent souvent d'un resserrement progressif des conditions monétaires, les banques centrales cherchant à prévenir la surchauffe économique, ce qui incite à une vigilance particulière dans la structuration des financements à taux variable.
À l'inverse, les périodes de récession s'accompagnent typiquement d'un assèchement du crédit, les établissements financiers adoptant une posture encore plus frileuse face au risque. Les acquéreurs peuvent alors faire face à des exigences renforcées en matière d'apport personnel et de garanties, modifiant considérablement l'accessibilité et la rentabilité potentielle des transactions. Paradoxalement, cette période coïncide souvent avec une baisse des taux directeurs par les banques centrales cherchant à stimuler l'économie, créant un environnement potentiellement favorable pour les emprunteurs capables de satisfaire aux critères d'octroi renforcés.
Au-delà des aspects purement financiers, les cycles économiques influencent également les décisions d'investissements internes à l’entreprise :
• En phase d'expansion, des investissements de croissance tels que la modernisation des équipements, l'extension des locaux ou la diversification de l'offre.
• Lors des périodes de ralentissement économique, c’est souvent le moment opportun pour des travaux de rénovation ou d’extension car les coûts de ces opérations sont alors moins élevés.
Les limites des analyses basées sur les cycles économiques
L'imprévisibilité d'événements exceptionnels constitue un premier inconvénient de taille. Les chocs exogènes (dont la cause n’est pas liée à l’économie elle-même) comme la crise sanitaire de 2020 ou les tensions géopolitiques importantes tendent à interrompre brutalement un cycle économique classique et à provoquer des réactions en chaîne difficilement modélisables. Ces événements, par nature imprévisibles, remettent en question la fiabilité des projections basées uniquement sur les cycles historiques. D’où l’importance de privilégier les analyses de scénarios multiples plutôt que des projections purement cycliques.
Les politiques monétaires et fiscales non conventionnelles représentent une seconde source de perturbation dans l'analyse des cycles traditionnels. L'intervention massive des banques centrales et des gouvernements crée des distorsions importantes dans les mécanismes de marché, affectant notamment les valorisations d'actifs et les conditions de financement. L'abondance de liquidités injectées dans le système économique a ainsi contribué au maintien de valorisations élevées même dans des contextes macroéconomiques objectivement dégradés, brouillant les signaux cycliques habituels.
Ensuite, le fossé qui se creuse de plus en plus entre les secteurs complique également l'application de modèles cycliques généraux. En effet, si les travaux de Kitchin, Juglar et Kondratieff conservent leur pertinence macroéconomique, l'analyse sectorielle révèle des dynamiques de plus en plus différenciées. Certains secteurs peuvent connaître des phases d'expansion prolongées alors même que d'autres segments de l'économie traversent des périodes de récession. Cette fragmentation nécessite désormais des analyses granulaires intégrant finement les spécificités sectorielles et locales.
Les transformations structurelles de l'économie, comme la digitalisation accélérée ou les transitions écologiques, modifient profondément les fondamentaux de nombreux secteurs commerciaux indépendamment des cycles conjoncturels. Ces mutations peuvent rendre obsolètes certains modèles commerciaux traditionnels malgré un environnement économique favorable, ou au contraire créer des opportunités significatives dans des segments innovants même en période de ralentissement général. L'évaluation d'un commerce doit ainsi intégrer ces tendances de long terme au-delà des seules considérations cycliques.
Comprendre les cycles économiques constitue un travail de recherche stratégique incontournable pour estimer correctement la valeur de votre commerce. Loin d'être de simples fluctuations à subir, ces cycles peuvent devenir de véritables opportunités lorsqu'ils sont anticipés et intégrés dans votre stratégie de valorisation. Leurs limitations ne remettent pas en cause la pertinence fondamentale de l'analyse des cycles économiques, mais soulignent la nécessité de combiner les trois approches (compréhension cyclique, analyse sectorielle, tendances structurelles).
Sur le plan concret, l’essentiel reste d'adopter une vision à long terme et de s'entourer d'experts pour analyser objectivement votre situation. C’est ce que nous vous aidons à faire sur EstimerMonCommerce.fr. Vous envisagez de vendre votre commerce et souhaitez obtenir une estimation précise ? Découvrez notre outil !
À retenir : Les cycles économiques
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