Investir votre trésorerie d'entreprise : comment et dans quoi ?
Comment investir l’excédent de trésorerie de votre entreprise : tout ce qu’il faut savoir pour la placer judicieusement.
Publié le 26-05-2023 et actualisé le 17-07-2024
Le besoin en fonds de roulement (ou BFR) d’une entreprise est une donnée majeure de santé et d’autonomie financière.
Il représente les besoins en financement, à court terme, que celle-ci doit générer pour couvrir ses charges lors des périodes creuses d’encaissements des factures clients.
Étroitement lié aux délais de paiement négociés (clients et fournisseurs) et aux données présentes dans le bilan comptable, le BFR doit être calculé avec justesse pour ne pas pénaliser la trésorerie de l’entreprise.
Comprendre sa nature et savoir le calculer sont des étapes importantes pour exploiter au mieux et optimiser la trésorerie d’une société, et ne pas mettre celle-ci en péril.
Témoin de la bonne santé et de l’autonomie financière d’une entreprise, le besoin en fonds de roulement est influencé par différentes variables.
Tout entrepreneur, gérant ou repreneur d’entreprise doit donc commencer par les identifier pour estimer son BFR de manière fiable.
Le BFR, ou besoin en fonds de roulement, correspond à la somme d’argent qu’une entreprise doit avoir en permanence à disposition pour financer son cycle d’exploitation.
Il correspond ainsi à une immobilisation de la trésorerie et témoigne, à court terme, de l’autonomie financière de l’entreprise.
L’abondance du BFR a pour but de couvrir les décalages des flux de trésorerie (encaissements et décaissements) liés à l’activité de l’entreprise.
Il temporise ainsi l’impact financier de ces décalages qui sont dus aux délais :
Plus concrètement, prenons l’exemple d’un commerce ou d’une entreprise qui doit acheter de la marchandise pour alimenter son stock.
La dépense d’achat est immédiate pour l’entreprise qui paie son fournisseur. Cependant, il peut se passer du temps avant qu’elle ne vende le produit, qui reste dans ses stocks.
Pourtant, la dette fournisseur a été débitée de la trésorerie immobilisée, alors que le produit de la vente n’a pas été crédité.
Dans la même optique, lorsque l’entreprise facture un client, elle lui octroie un délai généralement à minima de 30 jours. La date de facturation n’est donc pas la même que la date d’encaissement.
Le BFR sert à couvrir ce décalage de trésorerie.
L’ampleur du BFR est donc impactée par le secteur d’activité, les volumes d’activité et les différents délais de paiement accordés par l’entreprise au cours de son exploitation.
Le besoin en fonds de roulement est une donnée essentielle dans la gestion d’entreprise.
Pourtant, son abondement et sa gestion peuvent différer en fonction du secteur d’activité et de l’ancienneté de la société en question.
Dans le cadre d’une création d’entreprise, le BFR a un rôle majeur au sein du business plan.
En effet, le plan de financement définit de manière exhaustive les besoins financiers qui sont à mobiliser pour la création de l’entreprise et pour les mois à venir.
Sur la base de prévisions financières, il détermine l’ampleur des dépenses nécessaires au démarrage de l’activité et les ressources nécessaires pour les couvrir. C’est le besoin en fonds de roulement initial.
De cette manière, la part qui est faite au BFR initial contribue à mettre en lumière l’ensemble des besoins financiers permanents et les différents moyens pour les soutenir.
De fait, une estimation la plus précise du besoin en fonds de roulement initial est primordiale, afin d’éviter toute faillite précoce de l’affaire.
Pour cela, le business plan doit inclure :
Le calcul du BFR initial se résume ainsi :
À la création de l’entreprise, le BFR est principalement alimenté par les capitaux propres apportés par le dirigeant et par les emprunts bancaires.
Autre cas de figure où le besoin en fonds de roulement revêt une attention particulière : les entreprises spécialisées dans la vente de prestations de services (notamment de nature intellectuelle).
Ici, l’entreprise en question n’a pas de stocks de marchandises. Elle doit cependant faire l’avance de charges courantes (pour les travaux en cours), avant de procéder à la facturation de ses clients.
Dans cet exemple, le gérant de cette société doit calculer son BFR en estimant au plus juste les éléments suivants :
La méthode de calcul du BFR d’une entreprise de services se présente ainsi :
Ici, l’encours moyen des acomptes clients remplace l’encours moyen fournisseurs, car l’entreprise demande un acompte à son client lors de la commande.
Définir le besoin en fonds de roulement d’une entreprise est une des premières étapes pour optimiser sa gestion.
Mais il convient de comprendre ce que le BFR représente et comment il s’inscrit dans la vie et la santé financière de la société.
Le besoin en fonds de roulement d’une entreprise (BFR) est lié à son fonds de roulement (FR) et à sa trésorerie nette.
Le fonds de roulement (FR) est la source de financement d’une partie du BFR.
Il rassemble les capitaux dont l’entreprise dispose continuellement pour mener à bien son cycle d’exploitation.
Telle une marge de sécurité, il a pour rôle d’atténuer les défaillances financières (défaut de paiement, perte de clients…).
La trésorerie nette (TN) de l’entreprise correspond au résultat obtenu lorsque l’on soustrait le besoin en fonds de roulement au fonds de roulement.
Si ce solde est positif, l’entreprise a une trésorerie excédentaire. Elle peut régler ses dettes fournisseurs, envisager des placements, des investissements, etc.
S’il est négatif, l’entreprise est déficitaire et doit trouver des sources de financement et/ou diminuer ses charges.
La notion de trésorerie nette s’apparente à celle du « free cash-flow ». En effet, ce flux de trésorerie disponible vise à déterminer si l’entreprise génère suffisamment de disponibilités financières via son exploitation.
Pour calculer cette donnée, on s’appuie notamment sur l’EBE, un indicateur présent au tableau des soldes intermédiaires de gestion (SIG) de l’entreprise.
L’analyse de l’excédent brut d’exploitation (EBE) permet de mesurer la rentabilité de l’entreprise en comparant les revenus et charges d’exploitation.
On peut aussi s’appuyer sur le résultat d’exploitation, que l’on retrouve dans le compte de résultat établi à la clôture d’un exercice comptable.
Le flux de trésorerie disponible est calculé ainsi :
Connaître le rôle du BFR est une chose, mais encore faut-il savoir interpréter son résultat (positif, négatif ou nul), afin de pouvoir agir sur les écarts de flux de trésorerie qu’il révèle.
Un besoin en fonds de roulement positif (supérieur à zéro) signifie que l’entreprise manque de trésorerie pour financer les décalages de flux d’encaissements et de décaissements.
Les ressources d’exploitation sont inférieures aux emplois d’exploitation : l’entreprise dépense plus qu’elle ne gagne.
Pour y remédier, l’entreprise doit trouver comment financer ses besoins à court terme.
Pour ne plus avoir de BFR positif, elle peut :
Quoi qu’il en soit, le gérant doit prêter attention à toute augmentation du BFR qui ne serait pas en lien avec la croissance de l’activité de sa société.
Avoir un BFR négatif (donc inférieur à zéro) est un signe positif de santé financière.
Cela signifie que l’entreprise n’a pas besoin de sa trésorerie pour couvrir les décalages entre encaissements et décaissements.
Ici, les ressources d’exploitation sont supérieures aux emplois de même nature.
L’entreprise encaisse donc les créances clients avant de régler ses dettes fournisseurs. L’excédent de ressources ainsi généré permet d’alimenter sa trésorerie nette.
Cette situation se présente notamment dans les sociétés où les clients paient comptant, comme c’est le cas des grandes surfaces ou des métiers du CHR (hôtellerie – restauration).
Un BFR nul (égal à zéro) est un signe d’équilibre : le montant des ressources d’exploitation couvre la totalité de celui des emplois, sans reste.
L’entreprise n’a ni besoin, ni excédent financier.
Que l’on soit gérant, créateur ou repreneur d’entreprise, plusieurs pistes sont envisageables pour améliorer la gestion et le financement du besoin en fonds de roulement.
Dans cette optique d’amélioration du BFR, l’entreprise doit tout mettre en œuvre pour le diminuer.
Pour cela, elle peut travailler sur plusieurs points clefs.
Il va sans dire que la tenue précise et assidue de sa comptabilité est indispensable pour toute entreprise, en plus d’être une obligation légale.
L’exactitude de sa comptabilité permet également à l’entreprise de mieux maîtriser et anticiper les variations de son BFR.
C’est d’autant plus le cas grâce à l’exploitation de la balance des comptes clients.
Ce document comptable regroupe l’ensemble des factures clients (ventes) avec les données suivantes : date d’émission, montant, nom et date de règlement.
Ainsi, les créances sont analysées selon le nombre de jours nécessaires à leur recouvrement (compte client soldé ou non).
Choisir un financement adapté à l’entreprise et à son cycle d’exploitation est un axe d’optimisation important. Il s’agit d’améliorer la manière dont l’entreprise finance son BFR (qu’il soit positif ou non).
En effet, en fonction des choix de financement faits, cela impacte plus ou moins fortement et longuement la trésorerie (et donc les capitaux propres de l’entreprise).
Si l’entreprise en cours d’exploitation doit faire face à un décalage des flux de trésorerie, elle peut choisir d’utiliser (à court terme) ses découverts bancaires autorisés, le temps d’équilibrer la situation.
Autre possibilité : recourir à l’affacturage, technique de financement et de recouvrement des créances.
En confiant à un tiers la gestion externe de ses créances, l’entreprise bénéficie d’un financement (ou remboursement) anticipé.
Pour les entreprises en cours de création, plusieurs options permettent de financer le besoin en fonds de roulement.
Il convient cependant de les adapter aux caractéristiques de la future entreprise et au besoin financier :
Certaines dettes sont facilement prévisibles en termes de montants et dates.
On peut donc tâcher de rééquilibrer ces dettes, notamment au niveau de la TVA et des charges sociales.
Pour la TVA, l’entreprise à deux solutions :
Concernant les charges sociales, un paiement trimestriel plutôt que mensuel présente l’avantage d’un allongement du délai de paiement, ce qui est toujours favorable au BFR.
Le stock d’une entreprise correspond aux biens et marchandises déjà payées qui restent en attente de vente ou de transformation lors de la production.
Son accroissement conduit automatiquement à une augmentation du besoin en fonds de roulement.
Afin de maîtriser ces variations qui impactent la trésorerie, plusieurs mesures peuvent être mises en place comme :
Nous l’avons vu, plus les créances clients sont élevées, plus le BFR l’est aussi et la trésorerie impactée.
Afin de diminuer son besoin en fonds de roulement, l’entreprise peut procéder à certains changements au niveau de son poste clients en :
Les dettes fournisseurs de l’entreprise influent sur le BFR, puisque l’argent qu’elle doit reste en sa possession.
Ses besoins sont ainsi diminués, mais peuvent aussi être « cachés » si la gestion de ces délais est mal équilibrée.
De longs délais de paiement sont favorables au BFR. Il convient cependant de bien les équilibrer pour éviter toutes déconvenues.
Pour cela, l’entreprise peut :
Basé sur les éléments présents dans le bilan comptable, le besoin en fonds de roulement est calculé en fonction des ressources financières que l’entreprise possède et de l’argent qu’elle doit.
Ces données peuvent être impactées par différentes variables.
Deux méthodes de calcul sont possibles pour estimer le besoin en fonds de roulement d’une entreprise.
Avant de procéder au calcul, il convient de déterminer les éléments de l’actif et du passif circulant pris en compte à l’instant T du calcul.
Ces données sont présentes dans le bilan comptable de l’entreprise.
• Méthode simplifiée du calcul du besoin en fonds de roulement :
• Méthode détaillée de calcul du BFR détaillé :
Le calcul du BFR permettant d’estimer la santé financière de l’entreprise, il est conseillé de le faire périodiquement (mensuel, trimestriel, annuel…).
Son évolution (à la baisse ou à la hausse) doit être comparée aux résultats obtenus les années précédentes.
Toute dégradation, redressement ou amélioration de son niveau doit être analysée par le dirigeant, en tenant compte des éléments qui ont pu influencer son résultat.
Le résultat du besoin en fonds de roulement BFR est influencé par trois variables :
La maîtrise de ces ratios et de leur valeur permet d’améliorer le BFR de l’entreprise en jouant sur la longueur des délais accordés.
Ces adaptations permettent d’assumer les décalages entre les ressources et emplois d’exploitation, sans toucher à la trésorerie.
1) Calcul du délai de paiement des fournisseurs :
Les délais de paiement négociés par l’entreprise auprès de ses fournisseurs sont généralement compris entre 30 et 60 jours. Il convient de négocier des délais avec chaque fournisseur.
Exprimés en jours, ils se calculent ainsi :
2) Calcul du délai de règlement des clients :
Les délais de règlement accordés aux clients par l’entreprise oscillent également entre 30 et 60 jours. Le résultat obtenu dépend de plusieurs critères comme le type de clientèle et le secteur d’activité de la société.
Exprimé en nombre de jours, ce délai s’obtient ainsi :
3) Calcul du délai de rotation des stocks :
Il s’agit du délai entre le moment où un produit (ou marchandise ou prestation) est acheté et le moment où il est revendu.
Le résultat permet d’estimer le nombre moyen de jours où un produit reste en « état de stock ».
Estimé en jours, ce résultat s’obtient par ce calcul :
L’importance du besoin en fonds de roulement dans la gestion financière de l’entreprise nécessite de savoir reconnaître et ajuster les éléments qui l’impactent.
De la gestion des délais fournisseurs/clients aux particularités propres à chaque secteur d’activité, en passant par la lecture des données du bilan comptable nécessaire au calcul…
Il est judicieux de s’appuyer sur le savoir-faire d’un expert-comptable pour estimer justement le BFR et agir en fonction de son résultat.
Le BFR en 3 questions
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