EBE (Excédent Brut d’Exploitation) : comment l’interpréter
Découvrez le rôle de l’excédent brut d’exploitation (EBE), élément majeur dans l’analyse de rentabilité d’une entreprise ou d’un commerce.
Publié le 07-12-2021 et actualisé le 12-11-2024
La valorisation d'une entreprise (fonds de commerce, murs commerciaux, etc...) est une étape clé pour tout chef d'entreprise ou investisseur souhaitant prendre des décisions éclairées. Que ce soit pour une vente, une levée de fonds, ou simplement pour avoir une vue claire sur la santé financière d'une société, ce processus repose sur un ensemble de méthodes et de critères spécifiques.
En déterminant la valeur économique d'une entreprise à un instant donné, il est possible de mieux comprendre son potentiel de croissance, d'identifier les leviers d'amélioration ou encore de préparer des transactions stratégiques telles que des fusions ou acquisitions. Ce guide vous propose d'explorer en détail les différentes méthodes de valorisation et les moments clés où cette démarche devient indispensable.
La valorisation d'une entreprise consiste à déterminer sa valeur économique à un instant donné. Il s'agit d'un processus d'évaluation qui prend en compte différents indicateurs financiers (chiffre d'affaires, résultat net, flux de trésorerie) ainsi que des éléments plus intangibles comme le capital humain, les parts de marché ou la réputation de l'entreprise.
La valeur finale obtenue peut varier selon la méthode utilisée (actuarielle, comparative, etc.) et le contexte dans lequel l'évaluation est réalisée (vente, acquisition, fusion, crises actuelles, etc...).
Valoriser son entreprise présente plusieurs intérêts stratégiques pour un chef d'entreprise :
Il est recommandé de valoriser son entreprise à plusieurs moments clés de sa vie. Il n’existe pas de délai ni de date fixée pour sa réalisation. Elle doit être effectuée quand un entrepreneur, un associé ou un chef d’entreprise désire :
Les critères La valorisation d’une affaire dépend des principaux critères suivants :
Une entreprise (ou un commerce) étant un outil de travail et non un bien immobilier classique, sa valeur est déterminée par l’ensemble de ces facteurs, avec toutefois une prépondérance du volume d’affaires et de la rentabilité. En effet, c’est sur ces deux critères essentiels que peut être calibré un prévisionnel d’exploitation et qu’un repreneur détenant un apport financier de 20 à 40% peut convaincre une banque de lui octroyer un financement bancaire.
Ainsi, grâce au volume d’affaires et surtout à la rentabilité dégagée par l’entreprise, il pourra se rémunérer et rembourser son emprunt. Les autres critères restent importants, car ils traduisent la qualité et les atouts de l’affaire, hors considération de revenus.
Aujourd'hui, les prévisionnels sont pris en compte dans la valorisation d’une entreprise, mais ils nécessitent une approche prudente. Les prévisions pour l'année en cours sont généralement fiables si elles s'appuient sur des indicateurs concrets.
Cependant, prévoir sur plusieurs années reste risqué, car les aléas économiques extérieurs restent imprévisibles. Un prévisionnel solide, bien étayé et basé sur une stratégie réaliste, peut être un atout dans le calcul de la valorisation, mais il reste soumis aux incertitudes du marché.
Idéalement, l'estimation doit inclure les deux derniers exercices comptables (N-2 et N-1) ainsi que l'année en cours (N), à condition que l'activité n'ait pas subi de fortes fluctuations. Cependant, deux cas de figure se présentent en cas de crise particulièrement :
L'approche actuarielle, consiste à estimer la valeur d'une entreprise en prenant en compte les flux de trésorerie futurs qu'elle est susceptible de générer. Ces flux sont actualisés pour refléter leur valeur présente, à l'aide d'un taux d'actualisation qui prend en compte les risques liés à l'activité. Cette méthode est souvent utilisée pour les entreprises dont les cash-flows sont stables ou prévisibles. Elle permet d'obtenir une estimation précise basée sur des projections financières. Il existe différents modèles de l'approche actuarielle :
L'approche comparative repose sur la comparaison de l'entreprise à valoriser avec d'autres entreprises similaires qui ont été récemment évaluées ou vendues. Elle utilise des multiples financiers, tels que :
Ce afin de déterminer la valeur de l'entité. Cette méthode est particulièrement utile pour les entreprises évoluant dans des secteurs bien établis où des comparaisons pertinentes peuvent être faites.
L'approche par les sociétés comparables s'appuie sur l'évaluation de sociétés cotées en bourse qui présentent des caractéristiques similaires à l'entreprise cible, telles que la taille, le secteur d'activité ou le modèle économique.
L'objectif est de définir une fourchette de valorisation basée sur la performance de ces entreprises comparables sur les marchés financiers.
Cette méthode est prisée pour sa simplicité et pour la transparence des données disponibles, mais elle peut être moins précise si les sociétés comparables sont peu nombreuses ou trop différentes en termes de structure.
Avant 2008, il était courant de baser l'évaluation d'une entreprise sur une moyenne des trois derniers exercices comptables (N-1, N-2, N-3). Cette méthode permettait de lisser les éventuelles fluctuations en créant une tendance stable, car les variations étaient alors relativement modérées.
Cependant, depuis 2008, avec l'enchaînement de crises financières, sociales et sanitaires, les analystes ont dû adapter leurs méthodes. Les résultats passés, souvent impactés par des conjonctures spécifiques, ont perdu de leur pertinence. Aujourd’hui, les chiffres d'il y a deux ou trois ans peuvent difficilement prédire l’avenir, surtout dans un contexte de fortes fluctuations économiques.
Depuis 2012, les repreneurs et banquiers ont pris conscience que se baser uniquement sur des bilans anciens n'était plus pertinent. Désormais, ils privilégient les résultats les plus récents, avec une forte prépondérance de l'année N-1.
Bien que les bilans des années N-2 et N-3 puissent encore être consultés, la priorité est donnée aux chiffres actuels pour refléter la réalité de l'entreprise. Les crises comme celle du Covid-19 ont renforcé cette tendance. En parallèle, certaines entreprises émergent plus résilientes, tandis que d’autres, plus fragiles, sont confrontées à une volatilité accrue dans leur valorisation.
Sans précédent, la crise sanitaire du Covid-19 a bouleversé le paysage économique mondial. Les confinements et restrictions ont impacté différemment les entreprises en fonction de leur secteur d’activité. Si une majorité d'entre elles a vu son chiffre d'affaires chuter, certaines, notamment dans le secteur du numérique, ont connu une croissance inattendue.
Afin de vous démontrer l'importance du timing dans l'estimation d'une affaire, nous allons vous présenter un exemple : la valorisation d'une affaire avant et après la crise du Covid-19.
Prenons l'exemple d'un restaurant situé en centre-ville, qui avait avant la crise une valorisation basée sur une forte fréquentation régulière, une bonne rentabilité, et un emplacement stratégique avec une clientèle locale fidèle et touristique. Avant la pandémie, ses performances comptables se traduisaient par un chiffre d'affaires annuel de 1,2 million d’euros et une rentabilité nette de 15%. Sa valorisation se faisait donc en fonction de ces chiffres, avec un multiple de 3x son EBITDA, soit environ 540 000 euros.
Impact du Covid-19 : Pendant les confinements, le restaurant a subi une fermeture totale pendant plusieurs mois, suivie de restrictions de capacité une fois rouvert. Le chiffre d'affaires est tombé à 600 000 euros, soit une baisse de 50%, et la rentabilité nette a été réduite à seulement 5%. Cette chute drastique du volume d'affaires a donc directement impacté la valorisation. Si l'on applique les mêmes multiples à ces nouveaux chiffres, la valorisation serait réévaluée à environ 90 000 euros (600 000 euros x 5% de rentabilité = 30 000 euros d'EBITDA, multiplié par 3).
Cependant, il serait inapproprié de baser l'évaluation uniquement sur ces données, car elles ne reflètent pas nécessairement la capacité future du restaurant à se redresser après la crise. L'analyse doit donc intégrer d'autres facteurs :
Nouvelle valorisation : Plutôt que de se baser uniquement sur les chiffres de l’année de crise, il serait plus judicieux de lisser la valorisation sur les années N-2, N-1 et l’année en ours tout en prenant en compte les projections pour l'année N+1. Cela donne une vision plus complète de la situation, en tenant compte à la fois du choc temporaire et des perspectives de reprise. En prenant en compte ces facteurs, une valorisation ajustée pourrait être fixée à environ 300 000 euros, ce qui reflète mieux la résilience du restaurant et son potentiel post-crise.
En conclusion, la valorisation d'une entreprise est un exercice complexe, mais crucial, qui permet de mesurer son véritable potentiel économique. En fonction des objectifs visés — vente, levée de fonds, fusion-acquisition ou simple évaluation interne — différentes méthodes de valorisation peuvent être appliquées, chacune apportant une perspective unique. Les critères financiers comme le chiffre d'affaires ou l'EBITDA, couplés à des éléments intangibles tels que la réputation ou le capital humain, jouent un rôle clé dans l'estimation de la valeur.
Cependant, il est essentiel de ne pas sous-estimer l'importance du contexte économique et du timing, notamment dans des périodes de crise. En adoptant une approche rigoureuse et adaptée aux spécificités de chaque entreprise, il devient possible de réaliser des choix stratégiques éclairés et d'optimiser son développement futur.
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