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L’impact du Covid 19 dans la valorisation des entreprises et des commerces ?

Publié le 07-12-2021

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Sans précédent, la crise sanitaire du Covid-19 a bouleversé le paysage économique mondial.

Les confinements et différentes restrictions ont mis l’économie à mal dès le printemps 2020, avec des conséquences diverses sur la santé des entreprises en fonction de leur activité : une majorité en a souffert, d’autres ont connu une croissance inattendue.

L’impact du Covid 19 dans la valorisation des entreprises et des commerces est donc réel, mais variable.

Nous vous proposons de découvrir comment tenir compte de cet événement, qui influe potentiellement sur l’estimation du fonds de commerce.

Pour bien comprendre les enjeux, il est indispensable de rappeler au préalable les usages en matière de prise en compte des critères d’évaluation des commerces et entreprises.

Note : les définitions de tous les mots du jargon métier présents dans notre article sont accessibles depuis notre lexique commercial


Comment valorise-t-on les fonds de commerce et les titres de société habituellement ?

Développée dans nos articles consacrés à la vente d'un fonds de commerce et des titres de société, rappelons que la valorisation d’une affaire dépend des principaux critères suivants :

  • Volume d’affaires
  • Rentabilité
  • Emplacement / rayonnement
  • Situation locative
  • Qualité des locaux et des installations
  • Dynamique commerciale et construction du chiffre d’affaires
  • Respect des différentes normes en vigueur
  • Ratios clefs
  • Potentiel de développement
  • Eléments spécifiques à l’affaire ciblée

Une entreprise (ou un commerce) étant un outil de travail et non un bien immobilier classique, sa valeur est déterminée par l’ensemble de ces facteurs, avec toutefois une prépondérance du volume d’affaires et de la rentabilité.

En effet, c’est sur ces deux critères essentiels que peut être calibré un prévisionnel d’exploitation et qu’un repreneur détenant un apport financier de 20 à 40% peut convaincre une banque de lui octroyer un financement bancaire.

Ainsi, grâce au volume d’affaires et surtout à la rentabilité dégagée par l’entreprise, il pourra se rémunérer et rembourser son emprunt.

impact covid financement commerce entreprise

Les autres critères restent importants, car ils traduisent la qualité et les atouts de l’affaire, hors considération de revenus. Cependant, leur importance ne peut égaler celle du volume d’affaires et de la rentabilité.

C’est pourquoi l’impact du Covid 19 dans la valorisation des entreprises et des commerces découle directement de ces deux critères.


Sur combien d’années estime-t-on la valeur d’un fonds de commerce ou de titres de société ?

Une entreprise évolue dans le temps. Ses performances sont rarement identiques d’une année à l’autre.

Estimer la valeur d’une affaire doit donc idéalement prendre en compte son activité sur plusieurs années, dans la mesure où cela est cohérent.

L’estimation de valeur d’un fonds de commerce ou de titres de société avant 2008

Afin de dégager une tendance pérenne, l’on avait jusque-là pour habitude de prendre comme base de calcul plusieurs exercices comptables : N-1 (dernier bilan connu), N-2 et N-3 (les deux années précédentes), et d’en établir une moyenne, afin de dessiner une tendance dans la durée.

Avant 2008, les fluctuations de chiffres étaient relativement pondérées (hormis entre 2000 et 2003).

Evaluer une entreprise sur trois exercices comptables successifs aboutissait donc à une moyenne harmonieuse et équitable, lissant les « accidents de parcours » heureux ou malheureux.

estimation commerce entreprise avant crise

L’estimation de valeur d’un fonds de commerce ou de titres de société depuis 2008

Depuis 2008, l’on a connu différentes crises financières, sociales, politiques, ainsi que des évènements tragiques liés par exemple au terrorisme. Et désormais une crise sanitaire.

Les analystes, notamment bancaires, ont ainsi appris et intégré que les évolutions de la conjoncture à la hausse ou à la baisse peuvent être bien plus rapides et radicales qu’auparavant.

L’on sait également qu’elles impactent proportionnellement les volumes d’affaires et rentabilité de nombreux commerces et entreprises avec souvent une radicalité coutumière (par exemple dans le domaine du tourisme et de l’accueil).

Aujourd’hui, rares sont ceux qui peuvent prétendre avec une totale certitude que les performances de l’année en cours ou de l’année prochaine seront égales à celles d’il y a deux ou trois ans, qui elles-mêmes sont souvent erratiques.

Des chiffres réalisés trois ans auparavant, s’ils sont bons, montrent que cela est possible à réitérer, mais pas que cela va nécessairement durer ou se reproduire.

Ces considérations ont donc progressivement conduit les évaluateurs à reconsidérer à la baisse le poids des chiffres réalisés deux ou trois années auparavant.

Ces chiffres « anciens », dans un climat d’évolution forte (haussière ou baissière), parfois à l’échelle du semestre ou du trimestre, n’ont souvent plus qu’une importance relative, surtout si les graphiques de chiffres & résultats de l’entreprise évaluée ont des airs de montagnes russes.

Depuis 2008, ces fluctuations peuvent être vertigineuses, à l’image de l’impact du Covid 19 sur l’activité des entreprises et des commerces.

Les années se suivent et se ressemblent de moins en moins, régulièrement marquées par des dépressions économiques aux causes variées, qui finissent par être cycliques et esquisser une tendance avec laquelle il semble malheureusement falloir compter.

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Sur quels exercices comptables les repreneurs et banquiers basent-ils un projet de reprise d’entreprise ?

Si la crise de 2008 n’a pas immédiatement eu pour conséquence de modifier radicalement l’importance des années prises en compte par les évaluateurs, ces derniers ont compris à partir de 2012 qu’il devenait difficilement recevable pour les repreneurs potentiels d’accepter des valorisations établies sur d’anciens bilans comptables, révélateurs d’une conjoncture ultra-spécifique.

Les repreneurs de commerces et entreprises jugent désormais plus prudent de baser leur étude sur des éléments récents, au plus près de l’instant présent.

Il en va de même pour les responsables des pôles professionnels bancaires, qui sont en première ligne dans l’étude des dossiers de demande de financement de reprises de commerces et entreprises.

Ils ont donc logiquement adopté cette approche.

S’ils continuent à avoir une vue d’ensemble englobant les années N-2 et parfois N-3, une très forte prépondérance de l’année N-1 est indéniable dans leur étude de la cible à financer.

L’on comprend alors aisément l’impact du Covid 19 dans la valorisation des entreprises et des commerces.

En parallèle de cela, l’économie a changé, avec l’émergence de nouvelles branches d’activités à forte croissance et de branches d’activités plus résilientes aux habitudes de consommations classiques et donc à une conjoncture difficile.

L’on assiste depuis une décennie à la naissance de « pépites » et à leur rachat rapide sur la base de résultats futurs, mais aussi à l’existence d’entreprises moins sensationnelles, mais qui pérennisent leur activité malgré le contexte houleux.

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Faut-il prendre en compte les chiffres prévisionnels dans la valorisation d’un fonds de commerce ou de titres de société ?

A partir du moment où l’approche de l’écosystème des cessions de commerces et entreprises a changé, en plus des chiffres passés, l’on a commencé à prendre en compte dans les évaluations les chiffres de l’année en cours réalisation, mais aussi ceux du futur (parfois plusieurs années).

Toute la difficulté consiste dans ce cas à anticiper un volume d’affaires et une rentabilité cohérents pour ces périodes futures.

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Etablir une prévision réaliste pour l’année en cours, en fonction de son état d’avancement, présente une réelle cohérence, notamment si l’on peut s’appuyer sur des tableaux de bords efficaces.

En revanche l’exercice est bien plus délicat concernant les années suivantes, pour lesquelles les prévisionnels d’activité doivent être réalisés avec une extrême prudence, d’autant plus lorsqu’ils doivent entrer dans le calcul de valorisation de l’entreprise.

Un prévisionnel d’exploitation à trois ans peut être parfaitement pertinent, si ses chiffres sont projetés sur des bases concrètes et des stratégies organisées, mais aussi financées.

Dans ce cas bien précis, l’impact du Covid 19 dans la valorisation des entreprises et des commerces peut être encadré et limité.

Cependant, nul ne maîtrise les facteurs extérieurs à l’entreprise. Un prévisionnel reste donc soumis aux aléas conjoncturels.


Comment le Covid 19 impacte-t-il la prise en compte des années dans la valorisation d’un fonds de commerce ou de titres de société ?

Il est indéniable que les années 2020 et 2021 (voire les suivantes, en fonction d’une éventuelle poursuite de la crise sanitaire) ont un impact sur la valorisation des commerces et entreprises.

Mais cet impact est très variable selon la cible évaluée et donc les exercices comptables à retenir dans le calcul d’estimation.

Il n’y a aucune méthode standard permettant de tenir compte systématiquement des chiffres engendrés durant la crise.

L’étude doit être faite au cas par cas, en fonction de :

  • L’activité exercée et sa fragilité dans le contexte actuel
  • L’ancienneté et la pérennité de l’entreprise
  • Sa résilience observée depuis le début de la crise et ses capacités à y survivre, voire à se réinventer pour assurer sa continuité

Les commerces et entreprises dont l’activité a été notablement impactée par la crise du Covid-19 échapperont difficilement à un effet baissier sur leur valeur.

En effet, même si de nombreux repreneurs peuvent considérer que cet événement est temporaire (point de vue déclinant avec le temps et la récurrence des vagues de contamination), ils accepteront rarement de ne considérer cette baisse que comme un accident de parcours qu’il faut simplement éluder.

Le point sensible porte donc sur l’ampleur de la décote que subiront ces affaires sous la pression de l’écosystème des cessions de commerces et d’entreprises.

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Quelles années intégrer dans l’estimation de valeur d’un fonds de commerce ou de titres de société ?

Pour la plupart des exercices comptables, à l’heure où vous lisez ces lignes :

  • N-2 (2019) reflète l’activité pré-Covid
  • N-1 (2020) reflète l’année de déclenchement de la pandémie
  • N (2021) reflète l’année d’un relatif redémarrage
  • N+1 (2022) reflète l’année à venir, celle de la promesse espérée vers un retour à la normale... ou d’une poursuite de la crise sanitaire

Le postulat de base reste le suivant : l’idéal est d’englober a minima dans l’estimation les deux derniers exercices clôturés (N-2 et N-1) et l’année en cours (N).

Dans la mesure où l’entreprise n’a pas subi de fluctuations importantes, cette approche génère l’estimation la plus pertinente possible.

A partir de ce constat, afin de réaliser une estimation réaliste, il existe deux cas de figure possibles, par rapport auxquels il faut s’adapter.

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Dans le cas d’affaires ayant maintenu, augmenté, voire faiblement baissé leur volume d’activité, englober l’année N n’est pas indispensable.

Cependant, en fonction du degré d’avancement de l’année (et donc de concrétisation du chiffre d’affaires), cela permet d’obtenir une évaluation plus réaliste.

Pour ce type d’affaires, la crise n’aura finalement pas d’impact sur la valorisation, pouvant même la favoriser dans certains cas d’activités ayant surperformé dans ce contexte particulier.

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Dans le cas d’affaires ayant subi une baisse importante, il y a 2 approches possibles :

  • Approche N°1 :

Pour les affaires pérennes (avec un volume d’activité relativement régulier depuis plusieurs années), il est fortement recommandé d’intégrer l’année N (en cours), dans la mesure où celle-ci marque un relatif retour à la normale.

Si les indicateurs vont dans le bon sens, il peut également être pertinent d’intégrer l’année N+1 (2022), qui verra sans doute le volume d’activité habituel retrouvé ou approché.

L’appréciation par chacun du conditionnel est fondamentale et fait la différence pour une évaluation recevable ou non.

Pour ce type d’affaires, la crise aura un impact relatif, voire nul, sur la valorisation, d’autant plus si l’exploitant a judicieusement réduit (et donc bien maîtrisé) ses charges, et que sa rentabilité n’a subi qu’un impact relatif.

De ce fait, anticiper la légère décote probable considérée par les repreneurs et les financeurs peut s’avérer un bon calcul pour obtenir une évaluation plus solide.

  • Approche N°2 :

Pour les affaires récentes (moins de 2 exercices complets - soit 12 mois chacun - clôturés), leur fragilité est réelle face aux conséquences de la crise engendrée par le Covid-19.

Englober l’année N (2021) devient alors indispensable dans la plupart des cas. Dans ce cas, la crise aura un impact significatif sur la valorisation.

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Le choix de tenir compte de l’année N ne doit pas dépendre de votre souhait d’obtenir l’estimation la plus élevée, mais de la situation qui est celle de l’affaire évaluée, même si elle est la moins favorable.

Si l’impact du Covid 19 dans la valorisation de l’entreprise ou du commerce est vraisemblablement durable, il ne faut pas l’éluder.

Il appartient donc à chacun de prendre en compte avec réalisme la situation propre à l’affaire évaluée en fonction des éléments ci-dessus pour choisir d’intégrer ou non les années N et N+1, qui peuvent faire varier significativement l’estimation.

Choisir de les éluder alors que les chiffres ont été fortement impactés engendre un risque élevé de ne jamais tomber d’accord avec un repreneur potentiel (et ses conseils).

Pourquoi faut-il bien choisir quelles années intégrer dans l’estimation de valeur d’un fonds de commerce ou de titres de société ?

Souvenez-vous que dans le cadre d’une cession d’un fonds de commerce ou de titres de société, la valeur finale ne relève pas d’un souhait unilatéral, mais résulte de la rencontre entre repreneur et cédant.

Cette valeur intègre donc les paramètres incontournables de finançabilité et d'équilibre économique.

Les analystes et évaluateurs ont toujours une certaine réticence à franchir la ligne blanche séparant le chiffre d’affaires réalisé du chiffre d’affaires prévisionnel, car ce dernier reste par nature inconnu et non-garanti.

Tout prévisionnel doit donc être bien étayé pour être recevable.

Votre objectivité quant au choix des années comptables à prendre en compte et aux chiffres prévisionnels renseignés, qui sont des variables importantes de l’estimation, conditionne donc la pertinence de celle-ci.

Néanmoins, il ne faut pas considérer le résultat de l’évaluation comme le prix définitif de l’affaire, mais comme un point de départ pour négocier avec un repreneur ou transmettre un patrimoine commercial.


FAQ

L’impact du Covid 19 dans la valorisation des entreprises et des commerces en 3 questions


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